«…j’entendis les imprécations effroyables et grondantes de créatures au dialecte inconnu. Je fis volte-face, et vis se découper sur l’éther lumineux de l’abîme ce que voilait la pénombre de la galerie : une horde cauchemardesque de démons en fuite, tordus par la haine…»

La Cité sans nom (The Nameless City), 1921

Traduit de l’anglais par Maxime Le Dain

Vous allez rapidement comprendre pourquoi je vous partage en exergue cet extrait ! Je viens de dénicher un lot d’artéfacts particulièrement étrange, les divers éléments qui le compose provenant des archives de l’Ordre Cryptique du Haut Temple de Peliah-Ooth dont Lovecraft aurait adhéré en mars 1919 ?! La signature semble authentique, mais il me faudra plus de temps pour en être certain.

Ne me demandez pas où trouver la cité de Peliah-Ooth, mes multiples recherches n’ont définitivement rien donné. L’Ordre se donne comme mission de « préserver les livres interdits, les artefacts anciens et les cultes étranges ». Une tâche ardue et dangereuse!

L’artefact le plus impressionnant de ce lot est le manuscrit arabe représentant une créature d’aspect démoniaque. Aucune date n’est mentionnée, mais une expertise visuelle semble laisser entendre que ce manuscrit est fort ancien et qu’il fut longtemps perdu dans les profondeurs insondables des âges passés.

Le texte au-dessus de la créature est l’obscur couplet cité par Lovecraft dans sa nouvelle « La Cité sans nom » ! :

N’est point mort ce qui dort en toute éternité ;

En d’étranges éons même la mort peut sombrer.

Le célèbre couplet aurait-il des origines authentiques ? Le récit de « La Cité sans nom » serait-il l’adaptation romancée d’un compte rendu d’une véritable découverte ? La description des créatures qui peuplent le texte de Lovecraft ressemble de manière effrayante à la représentation monstrueuse du manuscrit. Le texte derrière la créature, en deuxième page, est la description presque mot pour mot faite dans la nouvelle de Lovecraft :

« Elles retraçaient apparemment la lente déchéance de l’ancienne race, ainsi que sa férocité croissante à l’encontre du monde extérieur d’où elle avait été chassée par l’avancée du désert. Le dernier tableau était proprement terrifiant. Il montrait un homme d’aspect primitif, peut-être l’un des premiers habitants de l’antique Iram, la Cité des Piliers, se faire déchiqueter par des membres de l’ancien peuple. »

La petite fresque sur l’encart trouvé dans le livre « Le Rituel et les règles générales… » représente la mise en place d’un sacrifice et pourrait encore évoquer, moins horriblement, un extrait de la nouvelle de Lovecraft :

« Le dernier tableau était proprement terrifiant. Il montrait un homme d’aspect primitif, peut-être l’un des premiers habitants de l’antique Iram, la Cité des Piliers, se faire déchiqueter par des membres de l’ancien peuple. Je me souvins alors de la peur qu’éprouvaient les Arabes pour la Cité sans nom, et constatai avec soulagement que les fresques s’arrêtaient là. »

Pour terminer, j’ai remarqué que le manuscrit émet un faible bourdonnement. Je ne pense pas pouvoir garder cet artefact longtemps sans sombrer dans une angoisse totalement paralysante que je ne saurais expliquer. Il faut que le je le brûle !

Vous l’aurez encore compris, je me suis bien amusé avec la création des différents éléments. Tout est entièrement réalisé par mes soins ( créatures, textes, logo de l’Ordre, vieillissement des pages…) ! Comme toujours, je me sers de documents authentiques qui sont ensuite détournés. Il y a un énorme boulot de détournement pour créer l’illusion, soit plus de six livres nécessaires sur des bas-reliefs assyriens ou des manuscrits arabes.

Un grand merci à Elhoussaine Oussiali pour la traduction en arabe médiévale des extraits de la nouvelle de Lovecraft. Il est ingénieur d’études en analyses des sources historiques et culturelles au CNRS. Vous pouvez voir son travail via une collaboration pour l’étude d’un manuscrit de médecine arabe médiévale : https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-03085045/document

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